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Le Salon de Mme Verdurin
2 décembre 2005

Persuasion, Jane Austen

« Tuer la Fée du Foyer faisait partie des tâches de la femme écrivain. » (Virginia Woolf)




austencouv



Dans la province anglaise du début du XIXè siècle, une demoiselle de vingt-sept ans regagne le cœur d’un ancien soupirant…

 

Du Harlequin haut de gamme ?

 

Pour éviter d’aborder cette œuvre romancée comme une histoire à l’eau-de-rose, il nous faut, d’abord, bien penser à replacer Jane Austen chronologiquement. Jane Austen a vécu à la charnière des XVIIIè et XIXè siècles : c’est le début du courant romantique, qui accorde plus d’importance à la sensibilité qu’à la raison, à la campagne (vive la nature, et peace and love !) qu’à la ville, au regard personnel qu’à l’avis du plus grand nombre.

 

Ainsi les héroïnes de Jane Austen offrent-t-elles quelques ressemblances avec un certain Jean-Jacques R., et ne dédaignent pas les longues promenades solitaires, propices à la réflexion, dans la douce campagne anglaise.

 

Romantisme, donc. Et romanesque, également : héritière des traditions littéraires du XVIIIè siècle, Jane Austen n’a certes pas dû manquer de subir l’influence du roman de cette époque, tout décousu et empli d’aventurières et d’aimables aventures picaresques, d’amour au premier regard et de rocambolesques retournements de situation.

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Pour la vieille fille qu’est Jane Austen, il semble évident que le plus important dans la vie, c’est de se trouver un mari riche, possédant une belle situation, et beau (voire intelligent) si possible. Comme dans un roman de la collection Harlequin, l’essentiel de l’intrigue consistera donc à caser la ou les héroïnes selon leurs rêves et leurs désirs.

 

On retrouve par conséquent les intrigues classiques du roman d’amour : si dans Orgueil et préjugés, nous avons le type de la love-hate (les deux héros se détestent au premier regard avant de tomber amoureux l’un de l’autre), dans Persuasion, l’histoire consiste à remettre ensemble l’héroïne, Anne Elliot, avec son ex, le beau capitaine Wentworth, que dans un moment d’égarement (et parce que sa vieille amie Lady Russell l’en a persuadée), elle a laissé tomber comme une vieille chaussette, huit ans auparavant.

 

« L’opposition qu’on lui signifiait ainsi était trop forte pour qu’Anne la surmontât. (…) Elle fut amenée à croire que ces fiançailles étaient une erreur…. une chose inconsidérée, déplacée, qui ne risquait pas de réussir et qui ne le méritait pas. »

 

Enfin, roman Harlequin… l’intrigue de Persuasion dépasse un peu ce niveau, quand même. Sinon, l’auteur ne figurerait certainement pas dans les anthologies de littérature anglaise.

 

D’abord, il faut comprendre qu’Anne a rompu ses fiançailles avec Frederick Wentworth parce qu’il était pauvre. Ben oui. Je sais : aucune des héroïnes made by Harlequin n’aurait été capable d’une telle forfaiture ! Mais il faut comprendre Anne: quand on est la fille d’un baronnet (noble provincial anglais), on n’épouse pas un jeune lieutenant de marine sans avenir (sans compter qu’il peut se faire tuer à tout moment), et ce même si l’on est amoureuse.

 

Mais entre-temps, Frederick a fait fortune et est accessoirement passé capitaine, tandis qu’Anne, autrefois belle et aisée, n’est à présent riche que de quelques années de plus (ce qui ne la place pas très haut sur le marché du mariage). Alors, Anne regrette :

 

« Toutes les espérances optimistes, toute la confiance de Frederick Wentworth avaient été justifiées. Son génie et son ardeur lui avaient, semblait-il, donné la prévision et la maîtrise de sa voie prospère. Très peu de temps après la fin de leurs fiançailles, il avait eu du service et tout ce dont il avait annoncé la venue à la jeune fille avait eu lieu. Il s’était distingué et avait vite atteint le grade supérieur… et il devait avoir fait, en ce moment, grâce à des captures successives, une belle fortune. »

 

Enfin, au début du roman, Anne et sa famille, proches de la ruine, sont contraints de s’exiler à Bath et de louer leur château de Kellynch à… nul autre que le beau-frère de Wentworth, l’amiral Croft. Et Anne soupire, et Anne se languit, et Anne sera contrainte de rencontrer à plusieurs reprises et de côtoyer en société ce beau capitaine qui, lui en voulant toujours à mort de l’avoir jeté huit ans auparavant, l’ignore autant que possible.

 

« Il n’avait pas pardonné à Anne Elliot. Elle l’avait lésé, délaissé et déçu et, ce qui est pire, elle avait montré, en agissant ainsi, une faiblesse de caractère que son tempérament décidé et confiant ne pouvait tolérer. Elle l’avait abandonné pour obliger autrui. Cela avait été l’effet d’un excès de persuasion. C’était un signe de faiblesse et de timidité. »

 

La jeune fille va devoir se surpasser pour reconquérir le cœur de son beau capitaine qui, comble de malheur, semble s’intéresser de près à la jeune et vive Louise Musgrove… Heureusement, l’arrivée de son cousin, M. Elliot, va permettre à Anne de provoquer la jalousie de son ex-fiancé.

 

Humour et satire sociale

 

Et pourtant, notre héroïne n’est pas aidée par son entourage, ni par sa famille, qui méprise ou bien ignore l’ancien lien qui l’unit avec Frederick.

 

Le père d’Anne, Sir Walter Elliot, est le premier personnage que le roman nous présente. Son caractère et son apparence se résument ainsi :

 

« La vanité était le commencement et la fin du caractère de Sir Walter Elliot ; vanité de sa personne et de sa situation. Il avait été remarquablement beau dans sa jeunesse ; et, à cinquante-quatre ans, il était encore un très bel homme. Peu de femmes pouvaient, plus que lui, se soucier de leur apparence personnelle et le valet d’un nouveau lord ne pouvait être plus ravi que lui de la place qu’il occupait dans la société. A son avis, le bonheur d’être beau ne le cédait qu’au bonheur d’être baronnet ; et le Sir Walter Elliot, qui unissait en lui ces dons, était l’objet constant de son propre respect et de sa dévotion des plus chaleureux. »

 

Voilà donc Sir Walter fiché en tant que vieux beau un peu stupide.

 

Sa fille aînée, Elizabeth, est la chérie de son papa, parce qu’elle est aussi belle que lui (je vous rappelle qu’Anne n’est plus aussi jolie depuis qu’elle a laissé partir Wentworth et qu’elle se languit). Mais Elizabeth est quelque peu marrie de n’être toujours pas mariée, même si la mort de sa mère, treize ans auparavant, l’a sacrée nouvelle maîtresse de maison :

 

« Chez Elizabeth, la satisfaction personnelle n’égalait pas tout à fait celle de son père. Treize années l’avaient vue châtelaine de Kellynch, y assurant la présidence et la direction avec une présence d’esprit et une décision qui n’auraient inspiré à personne l’idée de lui donner moins que son âge. »

 

Admirez la petite pointe d’esprit de notre narratrice, qui s’amuse cruellement à rappeler à ce personnage qu’elle a coiffé Sainte-Catherine depuis un moment déjà.

 

Ensuite vient la cadette, Anne, dont nous avons parlé tout à l’heure car elle est notre héroïne. Son père l’apprécie peu à cause de sa beauté perdue :

 

« Quelques années plus tôt, Anne avait été une très jolie fille, mais son premier éclat s’était évanoui de bonne heure, et même à son zénith, son père avait peu trouvé à admirer en elle (tant ses traits réguliers et ses doux yeux sombres étaient différents de ceux de Sir Walter) ; il ne pouvait y avoir en eux, maintenant qu’elle était maigre et fanée, rien qui provoquât son estime. »

 

On s’en fiche, c’est la beauté intérieure, qui compte, d’abord (enfin, heureusement que la beauté extérieure d’Anne s’améliore au cours du roman, quand même).

 

Voici, pour finir, la benjamine, Mary, la seule des trois sœurs à s’être mariée :

 

« Mary avait acquis une petite importance artificielle, en devenant Mme Charles Musgrove. »

 

Et puisque dans cette famille, Anne a quelques points communs avec Cendrillon, il ne faudra pas oublier encore l’amie de la famille, Lady Russell, vieille amie de Lady Elliot jusqu’à la mort de celle-ci, et gentille marraine d’Anne. C’est elle qui est coupable de l’odieux acte de « persuasion » qui fait le titre de notre roman (comme quoi une marraine n’est pas forcément une bonne fée.

 

« Lady Russell avait peu de goût pour l’esprit et, pour tout ce qui approchait de l’imprudence, de l’horreur. Elle désapprouvait cette union à tous égards. »

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Outre les nobles de province, l’auteur nous fait une présentation du milieu des riches propriétaires terriens par l’intermédiaire des Musgrove (famille dont Mary a épousé le fils, et chez qui notre héroïne séjourne un moment) : en gros, ce sont des paysans qui ont réussi ; un peu lourdauds, mais bien braves. Anne a d’ailleurs son avis là-dessus :

« Anne les comptait toujours parmi les plus heureuses créatures qu’elle connût ; mais pourtant - car un certain sentiment réconfortant de supériorité nous retient tous de désirer la possibilité de faire l’échange - elle n’eût pas cédé son esprit plus raffiné et plus cultivé contre tous leurs plaisirs. »

 

Ce qui n’empêche pas nos paysans d’avoir les mêmes loisirs que l’élite :

 

« Chez les Musgrove, les messieurs avaient leur gibier à protéger et à tuer ; leurs chevaux, leurs chiens et leurs journaux pour les occuper ; et les dames étaient entièrement absorbées par les autres sujets courants : ménage, voisins, toilette, danse et musique. »

 

Anne participe donc aux soirées musicales (sans danser pour autant, car elle n’oublie pas son rôle de vieille fille déprimée) :

 

« Elle jouait du piano beaucoup mieux que les demoiselles Musgrove, mais comme elle n’avait ni voix, ni pratique de la harpe, ni de tendres parents qui s’extasiaient à ses côtés, on ne s’avisait de la faire jouer que par politesse, ou pour donner du repos aux autres, comme elle s’en rendait très bien compte. »

 

En fait, dans cette satire sociale, seul le milieu de la marine royale offre quelque grâce aux yeux de Jane Austen. La femme de l’amiral Croft, courageuse et joyeuse malgré les épreuves, nous raconte d’ailleurs les aléas de la vie de femme de marin, dans une prose alerte qui reste l’un des moments appréciables de l’histoire.

 

Ainsi, derrière cette peinture des différentes classes sociales, on découvre une société en pleine mutation, où les anciens nobles sont acculés à la ruine, tandis que d’autres groupes sociaux (riches fermiers, officiers de marine) entament leur ascension : la méritocratie bourgeoise pointe le bout de son nez.

 

L’humour discret et grinçant de Jane Austen lui permet de nous brosser une peinture à la fois tendre et sarcastique de la société dans laquelle elle vit. Quelques mots lui suffisent pour camper des personnages à la fois crédibles, vivants et cependant quasi-caricaturaux. Sa façon de ne pas même épargner ses deux héros, tout en menant son intrigue avec équilibre et finesse, rend la lecture de son oeuvre tout à fait jouissive.

Certes… mais encore ?

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Que peut-on trouver dans l’œuvre de Jane Austen, outre la romance et l’art de la caricature ?

 

Dans Persuasion en particulier, puisque c’est le seul de ses romans qui adopte le point de vue interne de l’héroïne, il y a bien sûr ce style plein de sensibilité, qui laisse parfois augurer du futur stream of consciousness (le « torrent de la conscience » restitué par l’écriture, ainsi qu’on le retrouve dans James Joyce et dans Virginia Woolf) :

 

« Ses sensations, lorsqu’elle le découvrit, lui coupèrent totalement la parole. Elle ne put même pas le remercier. Elle resta seulement penchée au-dessus du petit Charles, dans un trouble extrême. La bonté avec laquelle il s’était porté à son aide… la manière… le silence dans lequel cela s’était passé… les menus détails de l’incident… et bientôt la conviction que lui imposait le bruit qu’il faisait délibérément avec l’enfant, la conviction qu’il voulait éviter d’entendre ses remerciements et cherchait plutôt à lui prouver qu’il n’avait cure de sa conversation, tout cela produisit en elle un mélange d’émotions changeantes, mais fort pénibles, dont elle ne put se remettre, jusqu’au moment où l’entrée de Mary et des demoiselles Musgrove lui permit de laisser le petit malade à leurs soins et de quitter la pièce. »

 

Ici la délicatesse et l’élégance retenue des phrases permettent, paradoxalement, d’exacerber les sentiments intérieurs d’Anne, en parallèle avec le côté cassant et inexorable de ce qui l’entoure -l’extérieur.

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En regard, l’on peut aussi savourer des saynètes vivement menées, où l’on retrouve des petits soucis (pour ne pas dire em***dements) de la vie quotidienne ; ainsi quand Anne doit s’occuper de l’un de ses neveux qui s’est blessé en jouant au casse-cou :

« Il apparut qu’il s’était démis la clavicule et s’était fait au dos un mal qui suscitait les idées les plus alarmantes. Ce fut un après-midi de désolation et Anne eut tout à faire d’un coup : envoyer chercher le pharmacien ; faire atteindre le père ; soutenir la mère et l’empêcher d’avoir une crise de nerfs ; diriger les servantes ; éloigner le cadet ; soigner et calmer le pauvre souffrant - tout en envoyant avertir, comme il se devait, l’autre maison, dès qu’elle y pensa - ce qui lui valut un entourage de compagnons effrayés et questionneurs plutôt que d’assistants bien utiles. »

 

Loin du « style à grand fracas » des romantiques, l’art austénien apporte aux petites complications de la vie quotidienne cette « touche exquise », cette « vérité de la description et du sentiment », que Walter Scott admirera plus tard.

 

Alors que le style de la romancière se révèle avec toute sa maturité dans ce roman, qui est le dernier qu’elle ait écrit, c’est encore dans Persuasion que Jane Austen pose, avec le plus d’acuité, la question du statut des femmes dans la société. Le rôle du mode de vie dans la formation des caractères est, par exemple, évoqué lors d’un mémorable débat entre Anne et le capitaine Harville :

« Le capitaine Harville sourit, comme pour lui dire : « Revendiquez-vous cette qualité pour votre sexe ? », et elle répondit à sa question, en souriant également :
- Oui. Nous ne vous oublions certainement pas aussi vite que vous nous oubliez. C’est peut-être notre destinée plutôt que notre mérite. Nous n’y pouvons rien, nous sommes ainsi faites. Nous, nous vivons enfermées chez nous, dans une tranquillité qui nous laisse en proie à nos sentiments. Vous, vous êtes forcés de vous dépenser. Vous avez toujours un métier, des occupations, telle ou telle affaire qui vous rendent aussitôt au monde extérieur ; et alors, l’activité et le changement continuels affaiblissent les impressions. »

 

Par ailleurs, dans le personnage d’Anne, on peut trouver, malgré ses défauts, la tentative de trouver un équilibre entre les mouvements du cœur (qui, romantisme oblige, sont reconnus comme une noble caractéristique de l’être humain) et les obligations de la raison (l’héritage d’un XVIIIè siècle rationnel reste ici prégnant). Tout le débat intérieur que l’on peut suivre chez notre héroïne, sur son ancienne rupture avec Wentworth, illustre cette recherche personnelle. Elle conclut elle-même, à la fin du roman, en s’adressant à son ex - et à nouveau - fiancé:

 

« - J’ai repensé au passé, et j’ai essayé de peser impartialement les raisons et les torts, je parle des miens, et il me faut croire que j’ai eu raison, quelles qu’aient été, par la suite, mes souffrances ; que j’ai eu parfaitement raison de me laisser guider par l’amie que vous apprendrez bientôt à connaître. Pour moi, elle occupait la place d’une mère. Mais ne vous méprenez pas sur mes paroles. Je ne dis pas qu’elle ne se soit pas trompée dans ses conseils. (…) Mais je veux dire que j’ai eu raison de lui obéir, et que, si j’avais agi autrement, j’aurais encore plus souffert en restant votre fiancée qu’en vous abandonnant, parce que j’aurais souffert dans ma conscience. »

 

Sur une note plus légère, le lecteur peut également s’adonner à la découverte, en filigrane, de la campagne et des divers paysages anglais. Outre les promenades dans les environs d’Uppercross, nous pouvons suivre nos personnages à Lyme, charmante ville en bord de mer et occasion pour notre auteur de glisser quelques références romantiques :

 

« On ne put manquer de citer les « mers bleu sombre » de Lord Byron, à propos de celle qu’on avait sous les yeux. »

 

Enfin, nous pouvons visiter Bath, la ville balnéaire. Ville de vacances et de loisirs, que Jane Austen (comme son héroïne Anne dans le livre) appréciait peu (ce qui n’a pas empêché la ville de Bath d’héberger un « musée Jane Austen).

 

Le climat de Bath émerge de cette conversation entre Anne et le capitaine Wentworth:

 

« - Mais il pleut.
- Oh ! très peu. Cela ne me fait rien.
Après une pause, il dit
- Bien que je ne sois arrivé ici qu’hier, je me suis déjà équipé comme il faut pour Bath, vous voyez, fit-il, en désignant un parapluie neuf. J’aimerais que vous vous en serviez, si vous êtes décidée à aller à pied, ; mais je pense, pourtant, qu’il serait plus prudent de me laisser vous trouver une chaise à porteurs. »

Dans Persuasion comme dans tous les romans de Jane Austen, les personnages vivent, somme toute, des situations fort banales ; et les héros sont ceux qui arrivent à tirer le meilleur de ce que la vie leur donne, sans verser dans le pathétique ou les récriminations : plus que du rêve, c’est une leçon de vie que la romancière nous propose.

(par Crookshank)

Liens internet





A lire également, p. 297 de l’édition 10/18, la postface du roman par Henri Plard.

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Commentaires
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